L'appareil reflex à objectifs interchangeables, épisode 2
- Par kris-tian
- Le 13/02/2018
- Dans Comment améliorer vos photographies
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Vitesse, ouverture, profondeur de champ, voici les 3 notions que nous allons voir dans la suite de ce billet.
Temps de pose ou vitesse d’obturation
Le film / capteur est caché de la lumière par un rideau qui obture le passage éventuel de la lumière. D’où son nom d’obturateur, mécanisme précis placé entre l’objectif et le film / capteur.
Il existe différents modèles d’obturateurs. Dans les appareils reflex, on parle d’obturateur plan focal ou obturateur à rideaux (illustration). L'obturateur central se trouve lui dans l'objectif, compacts, certains moyens formats, etc.. Je n’insiste pas pour éviter d’alourdir le sujet.
Sur votre boîtier, vous avez, selon son modèle, soit une bague graduée qui permet de régler le temps de pose, soit une molette qui donne un affichage dans le viseur et sur les écrans LCD. Le temps de pose, c'est le temps pendant lequel l’obturateur restera ouvert pour que la lumière qui passe au travers de l’objectif et atteigne le capteur soit suffisante pour créer une image visible. En réalité, il y a deux rideaux. Lorsque vous déclenchez, le premier rideau s'actionne et l'obturateur s'ouvre, puis, quand le temps de pose est atteint, le second rideau ferme l'obturateur. Plus la vitesse est élevée, plus vite le second rideau suit le premier. De ce fait, à ces vitesses, c'est une fente, plus ou moins large selon la vitesse, qui de déplace devant le capteur. Ceci explique que la photographie au flash se limite au 1/125e ou au 1/250e en général. En effet, la lumière du flash et si courte qu'elle agit sur le capteur pendant le défilement de la fente d'obturation qui n'a pas le temps de balayer toute sa surface. On obtient une photo partiellement exposée, correspondant au déplacement de la fente pendant la durée de l'éclair de flash. Le reste est noir, ce sont les parties non exposées à cause des deux rideaux en déplacement.
Ce temps de pose est appelé vitesse, mot que j’utiliserai par la suite dans tous mes billets.
Intérêt de régler la vitesse ?
La gamme des vitesses accessibles est variable selon les appareils. Elle est plus étendue lorsqu’on monte en gamme. En général on dispose de vitesses allant de 30 secondes (pose longue) à 1/4000e ou 1/8000e de seconde (pose très rapide). S’ajoutent quelques fois les poses B et/ou T. En B, l’obturateur reste ouvert tant que le déclencheur est actionné. Le nom vient de l'anglais Bulb (ampoule) car la poire utilisée dès le début de la photographie pour déclencher, ressemblait à une ampoule. Il s'agissait d'un déclenchement par air, remplacé ensuite par un déclencheur souple (câble) et aujourd’hui par les télécommandes. En T, l’obturateur s’ouvre par une première pression et se referme par une seconde. Peu de boîtiers le permettent aujourd’hui. il faut passer par les télécommandes. Comme nous l’avons vu, il faut une quantité de lumière suffisante pour avoir une exposition parfaite. La vitesse est l'un des éléments pour ça. Elle détermine combien de temps le capteur recevra de la lumière en provenance de l'objectif.
Mais la perfection de l’exposition ne veut pas forcément dire la perfection de la photo.
Voici plusieurs exemples :
- C’est un véritable plaisir de photographier des enfants. Mais voilà, ils sont très remuants et, résultat, des photos floues. La solution, opter pour une vitesse élevée est la solution. Mais attention, une bonne exposition est un équilibre dans le couple vitesse / ouverture. Changer la vitesse, oui, mais en connaissant l’impact que cela aura sur l’ouverture (pour une même exposition si l'un des éléments change, l'autre changera aussi) et donc sur le résultat final. Nous en reparlerons plus loin, car un autre larron se mêle au jeu, la profondeur de champ, dont on reparlera plus loin.
- Un autre axe souvent prisé par les photographes, le sport. Là aussi, la vitesse est importante pour éviter le flou ou, à l'inverse, le rechercher ! En sport auto par exemple, une grande vitesse fige les mouvements. C'est bien, mais l'auto photographiée en pleine vitesse semble être arrêtée. L'objectif de montrer la vitesse est raté. Sur les deux images suivantes, j'ai utilisé une vitesse lente pour figer les roues des véhicules et montrer la vitesse. En plus, sur la première, j'ai voulu montrer aussi le blocage des roues arrière par le freinage avant la courbe.
- La technique du filé, utilisée sur les deux premières images, permet de conserver la photo nette avec une vitesse lente et donner à l'ensemble la sensation de vitesse. Cette technique consiste à suivre le véhicule dans le viseur, et de déclencher en maintenant ce suivi. Il faut un peu d'expérience, mais le résultat est intéressant.
- La troisième photo est prise sans chercher à montrer la vitesse. La voiture roule vite, mais elle est nette y compris les roues et la piste. Ici, ce n'est pas important, c'est l'effet graphique que j'ai recherché.
- La dernière photo de rallye est faite aussi à grande vitesse. Sans cela je n'aurais pu avoir la roue décollée du sol. Mais rien de grave, cette situation suffit pour montrer la vitesse (il est rare qu'une voiture arrêtée dans une courbe soit dans cette position !).
Figer des gouttes d'eau dans une action d'effort et de vitesse conforte l'idée de cette dernière.
Enfin, pour la dernière, la vitesse choisie peut être basse pour augmenter la profondeur de champ et gagner en netteté, par une ouverture élevée. Toutefois, le moment du déclenchement, au sommet du saut, participe la sensation de vitesse du sport concerné, malgré le fait que la propre vitesse du personnage est nulle à ce moment précis.
- La photo de nuit. En pose longue sur pied, les éclairages des voitures deviennent des traînées lumineuses.
- La photo de la voûte céleste. Pose longue sur pied pour photographier la Voie lactée, une galaxie ou encore pour montrer la rotation de la Terre par les traînées laissées par les étoiles.
- Les photographes qui veulent être plus créatifs vont vouloir explorer d’autres voies. Prendre une cascade par exemple ou encore un ruisseau des Cévennes qui coule au milieu des rochers et des feuilles d'automne. Alors, vitesse lente ou rapide ? La vitesse rapide figera le mouvement alors que la vitesse lente donnera un aspect cotonneux à l’eau en mouvement. La photo présentée ci-contre est celle d'un poisson remontant un ruisseau. L'intérêt d'une vitesse rapide, outre celui de rendre le poisson net, et de faire paraître la cascade comme gelée. Faisant ainsi penser aux saumons qui remontent les rivières des pays nordiques, alors qu'il s'agit ici d'un poisson d'un centimètre espérant remonter une cascade de 30 cm sur le Lirou, petit ruisseau qui naît aux Matelles.
Il n’y a pas de dictat en la matière. Expérimentez sans cesse, prenez des notes, réessayez.
Un point tout de même, si les dispositifs anti vibration sont efficaces et que nous ne sommes pas tous égaux en matière de micros bougés. Ayez toujours à l’esprit que des vitesses lentes nécessitent l’emploi d’un support. Un pied le plus souvent, mais une épaule amicale convient, un mur ou un simple sac de haricots (de sable, de riz, etc.) également.
Vos essais vous permettront d'apprendre à dépasser vos limites.
Ouverture et diaphragme.
Avec la vitesse, qui correspond au temps pendant lequel l'eau coulera pour remplir la baignoire (!) ou au temps pendant lequel la lumière touchera le capteur, l’ouverture détermine, elle, la quantité d'eau qui sort du robinet ou la quantité de lumière qui entre par l’objectif et atteindra le capteur pendant le temps de pose déterminé par la vitesse.
Je le répète, pour avoir une exposition correcte, une même quantité de lumière, il faut un couple vitesse / ouverture. En fait, plusieurs couples, l'un étant en interaction avec l'autre. Si la vitesse augmente, il faudra ouvrir davantage le diaphragme et si la vitesse diminue, il faudra au contraire fermer le diaphragme.
L'ouverture est donc le complément indispensable de la vitesse. Pour information, le mode priorité à l'ouverture est statistiquement le mode le plus utilisé par les photographes.
Le diaphragme est le nom de la mécanique qui correspond à l’ouverture. Implantée dans l’objectif, il peut se régler par le boîtier et par une bague située sur l’objectif, mais de moins en moins, car cette bague disparaît peu à peu des objectifs, elle fait doublon avec les réglages boîtier et il n'y a pas de petites économies.
Quel est l’impact de l’ouverture sur les photos et comment améliorer votre créativité en la gérant au mieux ?
D’abord sur le plan de la qualité. Beaucoup d’objectifs voient leur qualité s’améliorer ou diminuer avec l’ouverture. Sauf pour des objectifs onéreux, la pleine ouverture, par exemple f/1.8, est à éviter, sauf recherche particulière (faible profondeur de champ) ou si la lumière est trop faible. C’est autour de f/8 qu’un objectif donnera le plus souvent le meilleur de lui-même. Et c'est à f/11 ou f/16 que cette qualité commencera à baisser en raison de la diffraction causée par les lamelles du diaphragme (en simplifiant, les rayons de lumière qui frappent le bord de ces lamelles se divisent en une multitude de rayons qui sont déviés de leur route vers le capteur). Ces chiffres sont des moyennes, vous trouverez certainement les courbes de qualité en fonction de l’ouverture pour chacun de vos objectifs.
Ayez bien en tête ceci. Une petite ouverture est f/22 par exemple. Une grande ouverture est f/1.2 par exemple. Ne vous fiez pas aux valeurs absolues des chiffres !
Ensuite, sur le plan de la créativité. De l’ouverture dépend la zone de netteté, appelée profondeur de champ. Cette zone dépend de la distance du sujet par rapport à l’appareil et de l’ouverture choisie.
Alors, comment faire ?
C’est simple. Plus l’ouverture est petite, plus la profondeur de champ est grande et inversement. Les appareils munis d’un bouton pour tester la profondeur de champ sont pratiques, mais en voie de disparition. Rassurez-vous, à l’heure des smartphones, il y a une application pour ça.
Et pourquoi s’en préoccuper. ?
Quelques exemples :
- Lors d’un voyage, vous souhaitez prendre votre famille ou vos amis devant un monument. Si le réglage de votre appareil n’est pas correct, comme vous aurez certainement fait la mise au point sur les personnes, le monument au fond sera flou, voire méconnaissable. Et si vous avez fait la mise au point sur le monument, vous ne reconnaîtrez plus les personnages noyés dans le flou.
- À l’inverse, vous souhaitez prendre votre famille ou vos amis sur la plage. Si vous ne gérez pas la profondeur de champ, vous avez des chances, surtout en été, d’avoir sur la photo des éléments indésirables (personnes, parasol, voire détritus) peu sympas dans l’album des vacances.
- Le portrait. Pour un portrait il est habituel (mais on peut sortir des sentiers battus) de faire la mise au point sur les yeux. Là encore la profondeur de champ est un élément important de votre composition. Portrait dans un cadre particulier avec une plus grande profondeur de champ ou juste les yeux très nets et le reste du visage en un joli dégradé de flou. À vous de choisir, vous savez comment faire.
- Enfin, si vous voulez être créatif, la gestion de la profondeur de champ est primordiale. Par exemple si vous vouler isoler un sujet, un tag dans la photo urbaine... Il en est de même si vous voulez faire du flou artistique. Et je ne vous parle pas de la macro photographie pour laquelle la proximité des sujets ne laisse que quelques millimètres de zone nette. Un véritable sujet à part entière que j'aborderai dans un billet à venir.
- Voici deux exemples pour vous montrer l'intérêt de savoir gérer les zones de netteté. L'un avec une profondeur de champ réduite, mettant en valeur la première bouteille tout en laissant deviner la seconde, le fond étant noyé dans un flou plus important. L'autre avec une netteté plus étendue que mérite ce vignoble pic Saint Loup, comme dans toute photo de paysage.
A vos appareils !
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