L'appareil reflex à objectifs interchangeables, épisode 1

Avant de vous donner des conseils sur la façon de comprendre, de lire et de réaliser une bonne photographie, il faut d'abord que vous lisiez bien la notice de votre matériel et que je vous donne quelques explications techniques sur ce que votre appareil vous propose pour "prendre la main" sur les automatismes.

De nos jours, c’est bien lui le plus performant. Ceci grâce à un viseur clair et précis montrant exactement la scène qui va être prise. Il vit certainement ses dernières années de vie, car les progrès de l’informatique et de l’électronique finiront par avoir raison de lui.

Beaucoup d’appareils sont déjà équipés de viseurs électroniques remplaçant la visée reflex. Leur qualité s’améliore d’année en année, mais ne remplace pas encore la finesse ou la clarté   de la visée via un prisme et un miroir (surtout en haut de gamme). Cependant ces derniers sont lourds et encombrants alors qu’un écran réduirait le poids la taille de nos boîtiers. Les progrès en la matière laissent présager ce changement prochainement.

Nous avons donc aujourd’hui des appareils reflex munis de technologies modernes pour la gestion de la lumière ou de l’autofocus et pour l’enregistrement des photos. Le tout géré par des processeurs rapides et fiables offrant des possibilités techniques que personne n’utilise à 100 %, mais qui laissent la place à l’inventivité du photographe. Ajoutez à cela des objectifs de plus en plus performants avec des lentilles ultras modernes et un système anti vibration qui permet de gagner 4 stops (on verra cela plus tard), avec un poids revu à la baisse grâce à l’utilisation de matériaux composites et le tout à un tarif en baisse en francs / euros constants.

Il n’est pas question ici de décrire toutes les fonctions de ces véritables ordinateurs-appareils photo. Nous nous intéresserons à des points essentiels. Je précise que les informations de ce billet sont valables pour beaucoup de types d’appareils, il se peut que certains réglages que j’évoque pour les appareils reflex ne soient pas accessibles complètement aux autres types.

Reflex Nikon

Voici les appareils auxquels je pense :

  • Les compacts. Longtemps la catégorie la plus vendue (faibles prix et encombrement), elle est supplantée aujourd'hui par la qualité des smartphones modernes. Le manque de viseur, la petite taille des capteurs, l’impossibilité d’avoir accès aux réglages ne permettent de faire valoir votre créativité.
Compact
  • Les bridges. Ce sont des « ponts » entre les compacts et les reflex. Au niveau qualité, il y a du bon et du moins bon, mais sont plutôt en progrès. Leur atout, un zoom de forte amplitude qu’il faut apprendre à maîtriser.
Bridge
  • Les hybrides. Ce sont des appareils assez récents. D’abord issus de la famille des compacts auxquels on a greffé un capteur de plus grande taille, d’objectifs interchangeables. Plus petits, discrets et maniables, ils ont beaucoup de succès. Le point noir étant le viseur électronique. Toutefois, comme je l’ai dit dans un billet précédent, l’amélioration permanente de la qualité de ces viseurs me permet d’affirmer qu’ils sont l’avenir de nos boîtiers.
Hybride
  • Les moyens formats (pour mémoire). Utilisés plutôt pas les pros ou quelques amateurs fortunés, ils sont plus encombrants et plus chers. Les derniers modèles sont équipés de très grands capteurs qui offrent une grande finesse de détails et permettent des agrandissements géants. Celui présenté ci-dessous est plutôt un appareil de collection de nos jours.
6x6

La visée reflex (Schéma Nikon School)

Visee autofocus

L’autofocus

Juste un petit mot sur ce sujet, car chaque appareil dans chaque marque possède ses propres réglages. L’autofocus, on dira l’AF, est l’un des progrès parmi les plus intéressants des appareils modernes. Il réagit aujourd’hui si vite, et bien plus vite que nos réflexes, que son utilisation est pour beaucoup permanente. Les boîtiers ont donc 3 possibilités (et les objectifs aussi), le mode manuel, le mode AF ponctuel et le mode AF intelligent (chaque marque ayant sa propre appellation).

Le mode manuel, comme son nom l’indique, laisse la main au photographe. Cela peut être utile si le risque d’erreur de l’automatisme est important. Par exemple un oiseau dans un arbre avec des branches entre lui et l’opérateur. Ou encore dans la photo de portrait si vous voulez rester maître du point de netteté.

Avec le mode AF ponctuel (One Shot chez Canon et AF-S chez Nikon), votre boîtier fera la mise au point et ne changera pas tant que vous aurez le doigt sur le déclencheur (à mi-course). Comme il ne changera pas si vous bougez ou si c’est votre sujet qui le fait, il faudra relâcher le déclencheur pour faire une nouvelle mesure. Ce mode convient au sujet fixe ou peu mobile.

Le mode AF intelligent (AI Servo chez Canon et AF-C chez Nikon) fera la mise au point en permanence tant que vous aurez le doigt sur le déclencheur. Cela convient parfaitement pour la photo de sport, la photo d’oiseaux en vol, c’est-à-dire lorsque la trajectoire du sujet est imprévisible.

Il faudra vous reporter à la notice de votre boîtier tellement les possibilités annexes sont étendues. Sachez que dans le dernier mode ci-dessus, on peut régler le temps de réaction de la modification du point afin d’éviter un réglage intempestif dû au passage entre vous et le sujet d’un élément sur lequel l’AF pourrait se focaliser. Exemple un joueur de rugby qui passe entre vous et le porteur du ballon. Ou encore, lors du suivi d’un oiseau en vol, un objet (poteau par exemple) qui viendrait perturber l’AF.

Par ailleurs, un grand nombre de collimateurs (Schémas Nikon et Canon) sont visibles dans le viseur. Ils sont représentés par un carré ou un rectangle avec un point au milieu. Ils schématisent la position de cellules pour l’AF (et aussi l’endroit où se fait la mesure de lumière. Ce collimateur change de couleur lorsque le point est fait. Vous pouvez modifier par une molette le collimateur que vous souhaitez utiliser.

Collimateurs nikon d5 1
Collimateurs canon 5d 1 1

Astuce. Si votre appareil vous donne la possibilité de faire la mise au point par un autre bouton que le déclencheur, n’hésitez pas à l’utiliser. Placé ergonomiquement pour être atteint par votre pouce, il est très pratique après un temps d’adaptation si vous avez toujours utilisé le déclencheur pour l’AF. Sans changement pratique dans le mode AF ponctuel, vous y trouverez de l’intérêt en AF intelligent. En effet, en le pressant vous agissez comme avec le déclencheur sans risque de trop appuyer et de prendre une photo, mais en le relâchant, la mise au point effectuée ne changera pas et vous êtes dans le mode ponctuel sans avoir à bouger une molette ou un levier. Vous verrez, c’est très pratique à l’usage.

Le capteur

Il y en a de différentes tailles. Plus ils sont grands, plus leurs performances le sont aussi en raison d'un ratio nombre de pixels / surface du capteur favorable.  Le plein format est équivalent en taille aux  pellicules 35 mm (24x36). Ce format définit arbitrairement la désignation des focales des objectifs. Un zoom 70 - 200 se comportera ainsi en plein format. Et comme un 105 - 300 sur un format APS-C Nikon DX par exemple. Le tableau ci-après montre la surface utile selon la taille du capteur.

À noter. Les photographes animaliers choisissent souvent le format APS-C pour le gain en focale qu’il procure. Les nouveaux reflex Nikon (45 mégas pixels) ou Canon (54 mégas pixels) plein format permettent de recadrer au format APS-C avec une définition voisine de 20 mégas pixels

Taille des capteurs 1

La gestion de la sensibilité ISO

Du temps de l’argentique, le photographe pouvait jouer sur la vitesse d’exposition et sur l’ouverture via le diaphragme pour créer la photo qu’il souhaitait. Dans une moindre mesure, il utilisait la sensibilité de diverses pellicules ou jouait sur les possibilités de modifier la valeur de base dans son labo.

Avec le numérique, la sensibilité ISO devient un paramètre aussi facilement utilisable que les deux autres. Bien entendu, chaque capteur est donné pour une sensibilité native. Mais les progrès des capteurs et de l’électronique embarquée sont tels que, désormais, on peut allègrement dépasser celle-ci. Mais il faut connaître ses limites.

Si tous les boîtiers ne le permettent pas, il est possible  de choisir soi-même les ISO et ils seront fixes jusqu'au prochain changement de votre part (nous sommes alors dans le cas d'une pellicule avec ISO déterminés). Un second choix est de régler le boîtier sur ISO auto et de fixer un maximum que vous ne souhaitez pas dépasser. Cette possibilité est intéressante, car elle introduit un autre levier sur lequel le photographe peut jouer. Par exemple il peut se fixer une ouverture et une vitesse, si la luminosité de la scène change ce sont les ISO qui varieront pour que le capteur reçoive bien la bonne dose de lumières. Nous en reparlerons plus tard.

Avant de continuer, il est temps d’introduire de nouvelles notions sur les modes qui figurent sur l’une des molettes de votre appareil :

Les divers modes de fonctionnement de votre appareil photo

  • Le mode programme ou P. Il s’agit d’un réglage qui laisse à votre boîtier la main sur tous les réglages pour exposer correctement la photo (vitesse et ouverture) selon une courbe prédéterminée par le constructeur (© schéma Nikon D7000). L’algorithme intégré au boîtier est capable de lire les différents écarts de l’éclairement de la scène et de comparer les données à des dizaines de milliers d’exemples enregistrés. Il choisit ainsi les réglages adéquats pour donner la meilleure exposition possible. C’est assez fiable, mais la créativité du photographe ne s’exprimera pas.

Heureusement, le programme peut être décalé par le photographe sur la plupart des boîtiers par action sur une simple molette. Ainsi, si le programme est capable d’exposer correctement, il ne sait pas quel élément vous intéresse le plus dans la composition photographiée. En fonction ce que vous voulez faire, vous pourrez modifier soit la vitesse, soit l’ouverture, la photo sera toujours correctement exposée. Dans la limite du programme bien entendu (Schéma Nikon).

P s a m photo
Programme courbe
 
  • Le mode Priorité à l’Ouverture ou A. Pourquoi A et pas O ? Tout simplement parce que le A vient d’Aperture (ouverture en anglais). Dans ce mode, l’opérateur décide de choisir l’ouverture et l’appareil cale la vitesse correspondante pour une bonne exposition de la scène. Je vous en dirai plus loin dans ce billet.
  • Le mode Priorité à la vitesse ou S. Vous l’aurez compris le S est pour Speed ! Dans ce mode, vous choisissez la vitesse et le calculateur interne du boîtier prend la main sur l’ouverture. On va voir ce sujet bientôt.
  • Le mode Manuel ou M. Par chance, Manuel est Manual en Anglais ! Vous l’aurez compris, dans ce mode le photographe a complètement la main sur les principaux réglages du boîtier. Revers de la médaille, c’est avec les risques d’une mauvaise exposition ! C’est aussi le réglage de quelques ayatollahs qui ne jurent que par ce mode pour être un « vrai » photographe.

Si vous voulez essayer, il y a des garde-fous. D’abord, l’affichage dans le viseur ou sur l’écran externe vous signalera le risque de sur ou sous exposition. Ensuite, vous avez le réglage Auto ISO, évoqué dans le billet précédent, qui adaptera les ISO en fonction de vos réglages manuels. Attention tout de même, il n’y a pas de miracle, ce sera dans une certaine plage seulement.

N'hésitez pas. Osez "prendre la main" sur les automatismes du boîtier. Regardez l'exemple ci-dessous. Croyez-vous que le boîtier seul aurait choisi cette exposition ? Certainement pas. D'abord parce que l'attrait de cette photographie est non seulement dû à l'exposition, c'est-à-dire à un couple ouverture / diaphragme, mais aussi à l'instant voulu par le photographe.

Je suis en Camargue, en fin de journée, seconde quinzaine de novembre. Le soleil va passer derrière des arbres et je commence à remballer mon matériel. Quelques nuages présents à l'horizon me permettent d'espérer de jolies couleurs du ciel. J'attends donc un peu. Un flamant traîne dans le coin. Pas très loin de moi, ce qui me donnerait l'occasion d'une photo à moyenne focale, et changerait de celles de la journée prises au téléobjectif.

C'est à ce moment que la photo finale s'est construite dans ma tête.

Si je laisse le boîtier faire, l'exposition sera soit pour le soleil, et encore une photo surexposée, soit pour le plan d'eau. Il n'y a pas de miracle. Je prends alors la main pour exposer correctement le coucher de soleil, il me faut alors sous-exposer par rapport à la mesure de la cellule tant le soleil est encore haut pour un coucher. Ça tombe bien, le reflet lumineux dans l'eau sera aussi bien exposé. Le flamant lui sera sous-exposé. L’étendue des divers éclairements de la scène est trop importante pour une exposition idéale globale. C'est là que le photographe intervient, selon son goût et son appréciation de la scène / la photo finale. Dans mon choix, le flamant ne sera qu'une ombre chinoise, mais très reconnaissable et si j'attends l'instant où il passe dans le reflet, j'aurais la photo désirée.

Clic-clac, c'est "dans la boîte" !

Flamant coucher de soleil