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Le difficile métier de la vigne

Ce premier article de la rubrique environnement est consacré à la vigne et ses difficultés face au réchauffement climatique.

Coup de chaud, gel, mildiou, sécheresse, grêle, inondation… Depuis quelques années, nos amis viticulteurs et vignerons doivent faire face aux caprices de la nature.

Et le réchauffement climatique dont on parle beaucoup n’est-il pas le responsable ? Ou plutôt c'est nous, les humains, les vrais responsables.

Finalement, la nature n’y est pour rien.

Si l’on croit les avertissements des spécialistes en climatologie, ce réchauffement n’en est qu’au début. On peut donc s’attendre à l’augmentation des périodes de sécheresse, d’abord intervenues dès la fin mai 2011, puis en 2016 et 2017 avec une forte accélération en 2022.

Eh oui, la vigne, culture généralement non irriguée, souffre des fortes chaleurs associées au manque d’eau. Parce que la vigne vit. Comme nous elle transpire, comme nous elle a besoin d’eau. Comme d’autres cultures me direz-vous. Pas tout à fait...


Bourgeon

 

 

 

Plantée majoritairement sur des sols pauvres, avec une réserve en eau faible, la vigne est une culture dont la production finale est relativement spécialisée. Elle est aussi tributaire de la zone climatique dans laquelle elle est implantée avec très peu de variétés adaptées. Si l’eau que puisent ses racines est bien transmise au reste de la plante, soit pour la croissance végétative (racines, rameaux, feuilles), soit pour la croissance génératrice (leurs, fruits, graines), elle finit par s’évaporer comme nous, nous transpirons. Cela s’appelle l’évapotranspiration.

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Naissance bourgeon

S’il y a un équilibre entre l’eau puisée et l’évapotranspiration, tout va bien. Mais en période de sécheresse forte et répétée, rien ne va plus. Si l’évapotranspiration est plus importante que la captation d’eau, il y a un « déficit hydrique» qui fait souffrir la vigne différemment selon son stade d’évolution. Lors du premier stade, au début du printemps, un manque d’eau limite la croissance de la plante. Au stade suivant, à la floraison et durant les 3 ou 4 semaines qui suivent, il est nécessaire de s’assurer que le statut hydrique est dans la norme. En effet, c’est à cette période que le nombre de baies va se déterminer ainsi que leurs volumes. Après ce stade, la division cellulaire est terminée et tout excès d’eau ne comblera pas un éventuel déficit hydrique. Les fruits se gorgeront en eau et, en diluant ses composants, il y aura un impact sur le futur rendement.

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Syrahfeuille

Le stade suivant est la véraison, quand les fruits commencent à changer de couleur. C’est le début du processus de maturation. L’échange avec l’atmosphère, d’énergie lumineuse et d’énergie chimique, c’est la photosynthèse, celle qui va apporter du sucre et d’autres composés chimiques qui s’accumulent dans le fruit. Modérément sensible au déficit hybride à ce stade, la situation peut s’aggraver si le déficit devient important.

Après la récolte, les eaux de l’automne sont primordiales pour que la vigne fasse ses réserves en eau avant la période de dormance d’hiver. Ainsi, au départ de la végétation, la croissance sera plus vigoureuse.

En résumé, si la plante souffre de déficit hydrique dès le départ, la croissance sera ralentie. Plus tard, si le feuillage ne peut effectuer la photosynthèse correctement, pas de photosynthèse, pas de sucre, pas de maturation du raisin ! A l’inverse, trop d’eau superflue ne fera que diluer les composants dans le fruit et appeler la plante à poursuivre sa croissance végétative la rendant ainsi encore plus gourmande en eau. On voit donc que le manque d’eau peut avoir des conséquences lourdes pour la suite de la récolte.

Photosynthèse = échange entre l’énergie lumineuse et l’énergie chimique. Le fonctionnement foliaire est l’une des premières fonctions à être affectée par le manque d’eau. La vigne réagit par une diminution de la vitesse de croissance des rameaux et une limitation de sa transpiration en fermant ses stomates (pores à la surface des feuilles qui permettent les échanges gazeux entre la plante et l'atmosphère).

Les cépages Grenache et Mourvèdre par exemple réagissent ainsi. La Syrah, au contraire, maintient les échanges gazeux et accepte (moyennement) une déshydratation du feuillage.

Enfin, dans ces périodes de pluies fréquentes ou de sécheresses sévères on peut voir apparaître des maladies du bois.

Grappe
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Cuve salade
Chailancyre

Quel avenir pour nos vignes ?

Il y plusieurs pistes étudiées par les chercheurs (INRA...).

  • Dans l’immédiat, peut-être faut-il limiter la concurrence entre la vigne et d’autres plantes en évitant l’enherbement d’un rang sur deux par exemple. Petites économies de l’eau captée après une pluie ?
  • Comment et dans quelles mesures faut-il gérer la hauteur du feuillage pour éviter de trop nombreux échanges gazeux, tout en gardant de quoi faire de l’ombre aux baies aux heures les plus chaudes.
  • D’autres cépages résistent-ils mieux à la sécheresse ? Et est-ce envisageable d’en changer (arrachages, plantations avec premiers vins après de longues années et modification des règles d’appellation…)
  • Généraliser l’irrigation ? Difficile en raison du manque d’eau naturelle aux mêmes périodes avec des conflits d’usage.
  • Utiliser les eaux usées ? 2% de cette eau sont utilisés en France et 98% sont rejetés dans les hydrosystèmes. Cette utilisation (expérimentée vers Gruissan et Narbonne plage) nécessite de lourds investissements pour les femmes et les hommes de la vigne. Nécessite également de revoir la réglementation avec des analyses fréquentes et plus de contrôles. Ce serait bien aussi pour améliorer la qualité des eaux rejetées dans la nature, mais aussi pour remplacer l’irrigation agricole encadrée par aucune réglementation sur la qualité des eaux. Sans oublier l'apport de nutriments, azote, phosphore, potassium… qui limiterait l’emploi d’engrais de synthèse.
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Vigne pic

En conclusion (pour l’instant).

Je continue de suivre les résultats des diverses recherches ou expérimentations sur le sujet avec beaucoup d’intérêt. La vigne fait partie de mon environnement depuis ma naissance, les efforts énormes réalisés dans notre région pour produire un vin de qualité et l’implication de tous les acteurs méritent que des solutions pérennes soient trouvées.

C’est aussi à nous tous de maintenir nos efforts pour réduire ce satané CO² et sauver plus que nos vignes, notre environnement.

 

Sources : 

  • Article de Juliette Cassagnes
  • Rapport Eric Lebon (INRA)
  • Jacques Rousseau (ICV)
  • Projet Irri-Alt'Eau 2.0
  • HernànOjeda équipe Viticulture Qualité Raisin de l'UEPR

 

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